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94 East, premières sessions princières

94 East, premières sessions princières

Une b-side peut être composé d'inédit(s), le but n'est pas de parler d'une b-side au sens propre du terme mais de s'y intéresser plus généralement. Le début de carrière de Prince comprend de véritables inédits puisqu'il s'agit de ses premiers enregistrements pro. Cette période débute en 1975, Prince intègre un groupe appelé 94 East formé par Pepé Willie (un cousin) à Minneapolis.

 

CONTEXTE DE CREATION

 

Prince c'est cet enfant bercé par la musique (grâce à son père, pianiste de jazz), il s'initie très rapidement à la musique et pratique quelques instruments en autodidacte. En 1973, Prince crée son premier groupe, Grand Central et donne des concerts dans des petites salles. Morris Day (le futur chanteur du groupe The Time produit par Prince) y apparaîtra l'année suivante. Pepé Willie se rend compte du potentiel du jeune guitariste, il est séduit par ses riffs et décide de l'embaucher pour enregistrer avec le groupe qu'il a formé, 94 East. Il n'existe qu'un seul album de 94 East réédité en 2016. Il fait parti des disques à connaître si on veut s'intéresser de plus près à la carrière de Prince puisqu'il s'agit des premiers enregistrements de l'artiste.

 

PREMIERS PAS EN STUDIO : L'ALBUM

 

A la manière d'un 33T, lorsqu'on ouvre la pochette c'est un carré noir en papier qui protège le disque  violet, couleur fétiche de Prince. Il est aussi agréable de pouvoir tenir le livret qui contient l'histoire de la création de l'album et la formation progressive du groupe (cependant, tenez-vous proche d'un dictionnaire ou d'un fabuleux google traduction si vous n'êtes pas un pro de l'anglais!)

Côté musique, ce sont des arrangements funk qui composent l'album avec de très bons jeunes musiciens (car il faut rappeler que Prince n'était âgé que de 17 ans..). On se rend compte rapidement sur des titres comme « If you see me » ou encore « Games » que le Kid a déjà beaucoup de potentiel et un véritable talent. A 17 ans Prince est multi-instrumentiste (guitare/basse/synthés...) ce qui contribue à la richesse aussi bien mélodique que rythmique de l'album.  Il a ce petit quelque chose en plus que les autres, il donne cette impression de s'envoler en permanence avec des riffs puissants. « … Il était fiable, désireux de plaire et inspirant dans son interprétation. Tard dans la nuit, après une séance, Prince pouvait m'appeler pour me dire qu'il était mécontent de quelque chose qu'il avait enregistré... il voulait le refaire. Je lui ai fait suffisamment confiance pour rentrer seul dans le studio et refaire le(s) morceau(x) – il avait ce talent à 17 ans » (P.Willie).

 

L'album débute très fort avec la basse claquante de « Just Another Sucker » qui mêle parfaitement les voix féminines de Marcy et Kristie aux choeurs des musiciens, celles-ci viennent parfaitement se fondre dans une grosse instru et une ambiance extrêmement sensuelle. On note également la présence d'André Cymone, le bassiste qui accompagnera Prince pendant plusieurs années.

94 East c'est aussi ces ballades langoureuses, ces claviers électroniques couplés à un sax ça donne « Lovin'Cup ». Il y'a très peu de paroles mais elles nous sont susurrées par les chanteuses du groupe « I just can't get enough for your lovin'cup ». Après écoute des premiers titres, l'envie est bien présente, on en veut toujours plus.

Dans l'album deux chansons possèdent quelques similitudes, il s'agit des titres « I'll always love you » et « If we don't » (écoutez les introductions et le rythme de celles-ci, étonnant non?). Le son est très typé, presque rock californien, chaloupé avec des guitares qui nous mettent dans un petit cocon et qui donnent presque envie de partir cheveux au vent en road trip. Vous remarquerez également une voix au début de « I'll always love you » qui balance un « Wait a second », il s'agit de la voix de Prince qui se préparait avant de débuter le morceau ! Enfin le dernier titre qu'il semble intéressant d'évoquer est le « Love, love, love » qui s'ouvre sur une petite ligne de basse sympathique et on remarque de suite que la qualité n'est pas la même que les précédents titres... En effet, ce titre a été enregistré rapidement sur un magnétophone 4 pistes mais n'en demeure pas moins intéressant car il permet d'écouter les talents de bassiste de Prince !

Le groupe avait signé un contrat avec Polydor mais le disque ne sera jamais publié, il faudra attendre quelques années pour que les bandes soient éditées. L'album fonctionne très bien, il met en avant la spontaneité des musiciens et leurs influences qui naviguent entre jazz, soul et funk. C'est un album très équilibré, assez éclectique qui met en avant les talents de chacun. Il permet également de découvrir ce qui sera l'un des plus grands musiciens du XXIème siècle. «  [...] Minneapolis est tellement loin derrière d'autres grandes villes du pays que vous êtes obligés de créer votre propre son. Il ne sert à rien de copier d'autres tendances car, à leur arrivée elles ne sont plus à jour » (Prince)