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A- SIDES #2 : Jaco Pastorius, Jaco Pastorius

A- SIDES #2 : Jaco Pastorius, Jaco Pastorius

Avant son entrée au sein du groupe Weather Report, Jaco Pastorius livre un premier album solo en 1976. Entre standards jazz et compositions personnelles, le bassiste se forge une vraie place au sein de la musique des années 70.

 

 

CONTEXTE DE CREATION

 

Jaco fait la connaissance de Bobby Colomby (batteur au sein du groupe Blood, Sweat & Tears) par le biais de sa première femme, Tracy. Lors de la rencontre, Jaco arrive pieds nus, ballon de basket sous le bras et basse à la main. Bobby pense a une mauvaise blague mais lorsque Jaco se met à jouer, le batteur est conquis. Celui-ci s'empresse de parler de ce qu'il vient d'entendre au directeur de production d'Epic Records qui le prend pour un fou « De la basse ? Tu veux produire un type qui joue de la basse ? Quel genre de disque est-ce que tu peux faire avec un bassiste ? ». Jaco passe donc une audition et impressionne le directeur de production qui donne feu vert à Bobby pour produire le bassiste. 

 

SOUS INFLUENCE : L'ALBUM

 

Quelle ouverture ! Jaco s'attaque à l'immense standard « Donna Lee ». L'arrangement n'est pas habituel et permet à l'auditeur de se rendre compte de l'importance de la basse au sein d'une musique. « J'avais le sentiment de n'avoir jamais entendu quelqu'un jouer une ligne mélodique claire à la basse [...] » (J.Pastorius). On notera également la présence du percussionniste Don Alias qui accompagne et sublime le jeu de Pastorius tout au long du morceau.

Jaco s'est intéressé dès son plus jeune âge aux musiques caribéennes, au rock et à la soul. Ses influences se retrouvent dans plusieurs titres dont le fabuleux  « Come on come over » qui donne du fil à retordre à certains bassistes ! C'est le seul titre de l'album qui possède des paroles chantées par le duo Sam & Dave (duo soul des années 60).

 

« Kuru/Speak like a child » est LE petit chef d'oeuvre du disque, un belle pièce groovy en duo avec le pianiste Herbie Hancock. « Jaco est un phénomène. Il est capable de jouer des sons à la basse qui sont une surprise totale pour nos facultés de perception. Ce ne sont pas que de simples notes, mais des accords, des harmoniques, et toutes sortes de nuances avec le timbre de l'instrument qui, combinées et transmises par Jaco, font que c'est une des musiques les plus belles que j'ai entendues depuis longtemps » (H.Hancock). Jaco installe un très gros groove dès les premières minutes, mais lorsque la seconde partie du morceau débute avec ces magnifiques violons, sa ligne de basse devient un véritable chewing-gum. La magie s'opère puisque ce morceau a été joué en d'une traite et en live.

On peut apprécier également le travail des harmoniques sur les titres « Portrait of Tracy » et « Continuum » qui vont devenir la signature de Jaco Pastorius.

Enfin, « Opus Pocus » est un petit écho à « Come on come over », mais il possède un arrangement plus funk que le second. La ligne de basse est très sautillante, groovy. La musique caribéenne est parfaitement représentée par le choix des instruments, le steel pan offre une mélodie colorée et typique des Caraïbes en adéquation avec le guiro qui fait son apparition.

 

Cet album est une vraie révolution. La basse a désormais un nouveau rôle, celui d'être un instrument solo à part entière. Cela va bouleverser la musique moderne (quand on pense au disco notamment). Jaco y partage une véritable technique, un groove puissant et des influences parfaitement représentée grâce à ses différentes collaborations. Quand on écoute attentivement tout le disque, on s'aperçoit qu'il y a très peu de mixage. Une façon sans doute de rendre hommage aux musiques qui l'ont inspiré et qui laissent place à la spontaneité...

 

« Il y avait une telle humanité dans la musique de Jaco : ses grooves implacables avaient cette qualité rare que seuls les musiciens de jazz les plus expérimentés semblent pouvoir faire surgir » (Jaco Pastorius par Pat Metheny)